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La muse

 

  • Alfred de Musset  (1810-1857)

 

 

LA MUSE


Poète, prends ton luth ; la nuit, sur la pelouse,
Balance le zéphyr dans son voile odorant.
La rose, vierge encor, se referme jalouse 
Sur le frelon nacré qu'elle enivre en mourant. 
Écoute! tout se tait; songe à ta bien-aimée. 
Ce soir, sous les tilleuls, à la sombre ramée 
Le rayon du couchant laisse un adieu plus doux. 
Ce soir, tout va fleurir: l'immortelle nature 
Se remplit de parfums, d'amour et de murmure, 
Comme le lit joyeux de deux jeunes époux.

 

 

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