Les roses de Titien

 

Les roses de Titien

 

Connais-tu de ces âmes le secret jardin
Que le croyant dit céleste et planté
A la voûte des cieux, ces lieux hantés
Que Michel Ange figura dans ses dessins ?

Titien, son concurrent, aimait les couleurs.
A Venise, il traça les beaux contours
De cette Zafetta, belle putain de cour
Qui gobait l’Arétin dans toute sa fureur.

Quand Piérina, sa femme légitime,
Revint mourir de peste, sa libertine
La veilla toute une nuit. Si intime
Etait sa foi, Titien vient, la dessine.

Il donne à sa peau la couleur de la rose
Et fait de la belle à jamais endormie
Une sainte païenne par l’enfer vomie
Qui pour sa Leda devant lui prit la pose.

Pourquoi donc, ISIS, te parler de Titien
A la suite d’une ballade pour ce Marc
Que toi tu connaissais, dont je ne sais rien
Si ce n’est que tu en portes au cœur la marque ?

Les roses ne sont pas que les fleurs de Passion.
Dans leur douce senteur à celle mêlée des peaux
D’amants qui claquent souvent au vent des drapeaux
Elles scellent l’odeur de mort, de corruption.

Elles fleurissent les tombes des amours mortes.
Leurs pétales soufflées au vent de Novembre
Virevoltent, retombent aux marges de Décembre
Dont les peintres gardent les clés de la porte.

Jean Linfonte

 

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